lundi 9 mars 2009

Le Père Vircondelet, 50 ans d’apostolat à Hong Kong

De 1920 à 1970, le Père Vircondelet des Missions Etrangères de Paris (MEP) a vu Hong Kong évoluer et connaître des fortunes diverses au gré d’une Histoire mouvementée. Sa vie au service des Missions est aussi une vie hong kongaise où le sacerdoce se confond avec une passion sans faille pour la colonie britannique.
Léon Vircondelet est né en 1890 à Vesoul. A 18 ans, il entre au séminaire des Missions Etrangères, mais la Grande Guerre retarde son ordination. Il est mobilisé et reçoit la gestion d’un hôpital dans les Vosges. En 1919, c’est comme lieutenant qu’il reprend sa place au séminaire. Il est alors ordonné prêtre et immédiatement envoyé à Canton. L’aventure asiatique commence : un long parcours oriental de cinquante ans, avec Hong Kong comme point d’attache.
Rapidement repéré pour ses nombreuses qualités de gestionnaire, le missionnaire est nommé dans la colonie britannique en 1921 en tant qu’assistant procureur. C’est un discret mais efficace administrateur. Il entreprend notamment, à cette époque, de faire bâtir une école chinoise et un hôpital (Sainte-Thérèse) à l’emplacement d’une vaste filature de coton rachetée par le Père Robert.
En 1934, il assure l’intérim lors d’une vacances à la procure de Saigon. Il montre ainsi l’étendue de ses capacités et, l’année suivante, il est désigné procureur général en Extrême-Orient. Léon Vircondelet est à la fois le dernier procureur général des MEP de Hong Kong, à partir de 1935, et le premier économe général, à partir de 1950, les Missions Etrangères se réorganisant après la guerre autour de nouvelles fonctions.
Formé par le Père Robert (l’excellent financier qui a tant fait fructifier les biens des MEP à Hong Kong), le Père Vircondelet gère avec adresse toutes les affaires d’argent jusqu’en 1960. Non sans mal, car la période est autrement plus difficile. Occupation japonaise, montée du communisme, contexte d’insécurité et d’instabilité… c’est lui qui organise donc la vente de beaucoup de propriétés au gouvernement de Hong Kong, en particulier la Procure en 1953 (maintenant la cour d’appel final) et Nazareth en 1954. Des choix certainement critiquables aujourd’hui, mais que le contexte de l’époque explique.
C’est particulièrement pendant la Seconde guerre mondiale et la période de l’Occupation japonaise, que le Père Vircondelet s’illustre. Toujours réactif, l’homme s’engage dès le début en faveur de la France Libre, sans pour autant prendre les armes. Les échanges entre l’Ambassade de France à Pékin et le gouvernement général d’Indochine sont clairs à ce sujet, et montrent que les Japonais se plaignent de «la compromission active de plusieurs Français notables dans la direction de la propagande anglo-gaulliste à Hong Kong». Le Père Vircondelet est en tête de liste.
Le missionnaire parvient à sauvegarder les intérêts des religieux, évite les pillages (notamment de l’imprimerie de Nazareth) et vient en aide à de nombreux Français. Il semble que ce soit lui qui récupère certains biens ou archives de particuliers et de sociétés (c’est attesté pour la Société des Charbonnages du Tonkin et le Consulat de France). Il entretient des liens amicaux étroits avec Louis Reynaud, le consul général. A la mort du diplomate, en 1943, le Père Vircondelet s’installe même dans les locaux consulaires de manière à les protéger du pillage et à faire perdurer une présence symbolique.
Beaucoup de bâtiments du centre-ville gérés par les Missions sont détruits ou endommagés pendant les hostilités. Le prêtre entreprend dès 1945 de les faire rénover et moderniser. Il organise ensuite des festivités remarquées pour le centenaire de la présence des sœurs de Saint-Paul, en 1948. La même année, il est décoré de la Croix de Chevalier de la Légion d’honneur, pour l’ensemble de son action pendant la guerre.
Fatigué, il démissionne en 1960. Le Supérieur général Maurice Quéguiner lui exprime alors : «au nom de toute la Société et en mon nom personnel, la profonde et affectueuse gratitude de tous, pour tous les services rendus durant toute une vie de missionnaire et singulièrement comme économe général pendant vingt-cinq ans, avec un dévouement et une générosité jamais démentie».
C’est encore et toujours à Hong Kong que le Père Vircondelet choisit de passer une retraite active. Il y reste encore dix ans. Le prêtre quitte la colonie britannique en 1970, après cinquante ans de présence. Il se retire au sanatorium de Montbeton en France, où il s’éteint en novembre 1973.

FD.

Sources : Archives des Missions Etrangères de Paris ; Archives du ministère des Affaires Etrangères de Nantes. Crédit photographique : Archives des Missions Etrangères de Paris.

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