Au cours de l’hiver 1893, des températures exceptionnellement basses sévissent à Hong Kong. Le Consul de France s’en émeut et informe le Quai d’Orsay mais aussi l’Académie des Sciences de ce phénomène météorologique.
Lors de l’hiver 2008, un record qui tient depuis 1968 a failli tomber : celui du nombre de «jours froids» enregistrés par l’Observatoire météorologique de Hong Kong. Cet établissement, le Hong Kong Observatory, fondé en 1883 par la Royal Society, enregistre en effet méticuleusement depuis 1885 les températures relevées en différents lieux du territoire. En 2008, 31 «jours froids» ont ainsi été recensés, contre 8 en 2007 et 13 en 2006. Le mois de février connut 18 «jours froids», contre 0 en février 2007 et 1 en 2006. L’année 2008 a donc été une année particulièrement froide à Hong Kong et dans le sud de la Chine et ceux qui y ont passé l’hiver pourront le confirmer, les températures ayant avoisiné parfois les 3°C ou 4°C.
Le phénomène n’est pas nouveau. 1893 fut en effet aussi une année très froide, avec 30 «jours froids», dont 16 en février, contre 18 «jours froids» en 1892 et 5 en février de la même année. Mais il faut savoir que, à Hong Kong, un «jour froid» est un jour pendant lequel des températures inférieures à… 12°C sont enregistrées ! Tel est le critère en effet retenu par le Hong Kong Observatory. Or, si une succession de jours à 11°C peut être qualifiée de période à «jours froids» selon cette norme du Hong Kong Observatory, elle ne saurait avoir le même impact qu’une période de même durée, voire plus courte, pendant laquelle des températures plus sévères, proches ou inférieures à 0°C seraient relevées.
C’est bien ce qui s’est passé en 1893 et le Consul de France de l’époque, Georges-Félix Gueyraud, a tenu alors à informer le ministère des Affaires étrangères mais aussi l’Académie des Sciences «sur un phénomène météorologique sans précédent connu à Hong Kong», titre de sa dépêche du 6 février 1893.
Le Consul note que des températures «au-dessous de 0°C» ont été relevées du 16 au 18 janvier 1893 et il s’agit là d’un «phénomène sans précédent connu, dit-on, depuis l’occupation de Hong Kong par les Anglais en 1841». Cette «île (est) située cependant sous les tropiques» et le caractère exceptionnel de telles températures sous cette latitude le conduit à en informer l’Académie des Sciences, à qui il fait parvenir des documents météorologiques recueillis auprès du Hong Kong Observatory, fondé seulement 10 ans plus tôt.
Outre ces documents scientifiques qu’il transmet à Paris, Georges-Félix Gueyraud fournit dans sa dépêche une description détaillée de cette période de trois jours de froid exceptionnel, utilisant d’ailleurs, dans la même lettre, degré centigrade et degré Fahrenheit, mètre et pied. «Les températures basses», note-t-il, ont sévi «non seulement sur les hauteurs du Peak, (point culminant, 1875 pieds), où le thermomètre est tombé à 28 Fahrenheit (NdA : température correspondant à –2,2 ° C) au moins, mais aussi bas que 400 pieds environ au-dessus du niveau de la mer où j’ai personnellement relevé –1,5° centigrade à l’Observatoire, établissement situé sur la presqu’île de Kowloon et à 25 à 30 mètres à peine au-dessus du niveau de la mer». Événements exceptionnels à Hong Kong, «la gelée blanche et la glace se sont produits plus bas que la cote de 400 pieds» et «les arbres et les fils télégraphiques (sont) couverts de givre». Le commerce ne perd alors pas ses droits et le Consul de France note ainsi que «des Chinois vendaient dans la basse ville des rameaux couverts de glaçons qu’ils étaient allés cueillir sur la hauteur», manifestation «éphémère mais typique de la rareté du phénomène».
Les températures très basses et exceptionnelles ont bien sûr des conséquences sur les gens et sur la nature. Georges-Félix Gueyraud relève que, pendant trois jours, «il a été presque impossible de trouver à louer dans les rues des chaises à porteur, les malheureux coolies… se tenant tapis» dans leur logement où, ils s’entassaient, certes, mais où ils pouvaient au moins avoir «à peu près chaud».
La végétation a aussi été touchée par ce «froid extraordinaire, sans précédent» et le Consul de France y consacre une autre dépêche, en date du 15 mars 1893, communiquée aussi à l’Académie des Sciences et basée sur les renseignements recueillis auprès du «savant Directeur» (sic) du Jardin Botanique de Hong Kong. Le Consul y souligne que les effets du froid ont été «désastreux non seulement pour les plantes exotiques telles que celles originaires de l’Inde, mais même pour des plantes appartenant exclusivement à la flore de Hong Kong, comme les Ficus Harlandi, Gardenia Anomala et Gardenia, Oblongifolia, dont plusieurs espèces ont péri».
Et, comme en 2008, le froid sévère a touché non seulement Hong Kong mais aussi Canton et le Consul de France termine sa dépêche du 15 mars en précisant que, à Canton également, «le dommage est considérable, notamment dans les plantations de bananes qui sont ruinées».
Le phénomène n’est pas nouveau. 1893 fut en effet aussi une année très froide, avec 30 «jours froids», dont 16 en février, contre 18 «jours froids» en 1892 et 5 en février de la même année. Mais il faut savoir que, à Hong Kong, un «jour froid» est un jour pendant lequel des températures inférieures à… 12°C sont enregistrées ! Tel est le critère en effet retenu par le Hong Kong Observatory. Or, si une succession de jours à 11°C peut être qualifiée de période à «jours froids» selon cette norme du Hong Kong Observatory, elle ne saurait avoir le même impact qu’une période de même durée, voire plus courte, pendant laquelle des températures plus sévères, proches ou inférieures à 0°C seraient relevées.
C’est bien ce qui s’est passé en 1893 et le Consul de France de l’époque, Georges-Félix Gueyraud, a tenu alors à informer le ministère des Affaires étrangères mais aussi l’Académie des Sciences «sur un phénomène météorologique sans précédent connu à Hong Kong», titre de sa dépêche du 6 février 1893.
Le Consul note que des températures «au-dessous de 0°C» ont été relevées du 16 au 18 janvier 1893 et il s’agit là d’un «phénomène sans précédent connu, dit-on, depuis l’occupation de Hong Kong par les Anglais en 1841». Cette «île (est) située cependant sous les tropiques» et le caractère exceptionnel de telles températures sous cette latitude le conduit à en informer l’Académie des Sciences, à qui il fait parvenir des documents météorologiques recueillis auprès du Hong Kong Observatory, fondé seulement 10 ans plus tôt.
Outre ces documents scientifiques qu’il transmet à Paris, Georges-Félix Gueyraud fournit dans sa dépêche une description détaillée de cette période de trois jours de froid exceptionnel, utilisant d’ailleurs, dans la même lettre, degré centigrade et degré Fahrenheit, mètre et pied. «Les températures basses», note-t-il, ont sévi «non seulement sur les hauteurs du Peak, (point culminant, 1875 pieds), où le thermomètre est tombé à 28 Fahrenheit (NdA : température correspondant à –2,2 ° C) au moins, mais aussi bas que 400 pieds environ au-dessus du niveau de la mer où j’ai personnellement relevé –1,5° centigrade à l’Observatoire, établissement situé sur la presqu’île de Kowloon et à 25 à 30 mètres à peine au-dessus du niveau de la mer». Événements exceptionnels à Hong Kong, «la gelée blanche et la glace se sont produits plus bas que la cote de 400 pieds» et «les arbres et les fils télégraphiques (sont) couverts de givre». Le commerce ne perd alors pas ses droits et le Consul de France note ainsi que «des Chinois vendaient dans la basse ville des rameaux couverts de glaçons qu’ils étaient allés cueillir sur la hauteur», manifestation «éphémère mais typique de la rareté du phénomène».
Les températures très basses et exceptionnelles ont bien sûr des conséquences sur les gens et sur la nature. Georges-Félix Gueyraud relève que, pendant trois jours, «il a été presque impossible de trouver à louer dans les rues des chaises à porteur, les malheureux coolies… se tenant tapis» dans leur logement où, ils s’entassaient, certes, mais où ils pouvaient au moins avoir «à peu près chaud».
La végétation a aussi été touchée par ce «froid extraordinaire, sans précédent» et le Consul de France y consacre une autre dépêche, en date du 15 mars 1893, communiquée aussi à l’Académie des Sciences et basée sur les renseignements recueillis auprès du «savant Directeur» (sic) du Jardin Botanique de Hong Kong. Le Consul y souligne que les effets du froid ont été «désastreux non seulement pour les plantes exotiques telles que celles originaires de l’Inde, mais même pour des plantes appartenant exclusivement à la flore de Hong Kong, comme les Ficus Harlandi, Gardenia Anomala et Gardenia, Oblongifolia, dont plusieurs espèces ont péri».
Et, comme en 2008, le froid sévère a touché non seulement Hong Kong mais aussi Canton et le Consul de France termine sa dépêche du 15 mars en précisant que, à Canton également, «le dommage est considérable, notamment dans les plantations de bananes qui sont ruinées».
CR.
Photo: l'observatoire météorologique de Hong Kong à la fin du XIXe siècle.
Sources : Archives du ministère des Affaires étrangères, Nantes - Hong Kong Observatory.
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