Dans les années 30, un entrepreneur français s’installe à Hong Kong. Il est rapidement mêlé à une affaire d’envergure avec un général chinois qui souhaite développer les infrastructures du Sud de la Chine. Superbe opportunité ou résultat d’une activité souterraine? Le doute plane jusqu’à ce que le passé rattrape M. Garnier…
En décembre 1936, Auguste Garnier arrive à Shanghai après un long voyage en Transsibérien. L’attaché commercial de ce poste s’étonne de cet étrange personnage. En effet, Garnier dit être associé dans un «Trust Belge-Français» mais entoure de mystère la nature exacte de ses activités et ne s’étend guère sur ses ambitions, ce qui agace le diplomate. En revanche, il affirme que le général chinois Wong-So, un proche de Chiang Kai-Shek formé par les Américains, s’est précipité à sa rencontre pour parler affaires… L’attaché commercial est suspicieux car, en outre, Garnier «se donne comme représentant accrédité -j’ignore auprès de qui- de l’Office national du commerce extérieur, organisme qui n’existe plus». Un rapport est rédigé pour le Consul de Hong Kong où l’entrepreneur a choisi de s’installer.
A l’Ambassadeur de France, Garnier écrit au même moment une longue lettre où il explique qu’il est venu sans mandat «pour étudier la question minière». Il raconte ensuite son entrevue avec le général, qui lui aurait confié ses projets pour l’aménagement du Sud et l’aurait choisi lui, tout fraîchement débarqué, pour jouer les intermédiaires avec la France. L’entrepreneur demande donc l’autorisation de se mettre en affaire avec lui ou, tout au moins, de ne pas rester à l’écart des investissements en préparation.
De son côté, le Consul de Hong Kong se renseigne à Paris sur cet individu: «a déjà résidé en Extrême-Orient, à Saigon et à Shanghai» mais aussi en Perse, «situation personnelle aisée», «il aurait derrière lui des appuis financiers sérieux». Garnier est Lieutenant de réserve et docteur en Droit. Par ailleurs, «lorsqu’il se trouve à Hong Kong, il mène une vie fort retirée» et a officiellement installé ses bureaux sur Des Vœux road. Les références sont bonnes et le Consul est donc bien disposé à son égard. Garnier voyage beaucoup entre la Chine du Sud, Hong Kong et l’Indochine et tisse rapidement un réseau dense de relations. Il explore de nombreuses régions et trouve un filon «d’antimoine oxyde», un composant métallique pour les alliages, «isolée au Nord de Kwangsi dans la région presque inaccessible des cent mille monts».
Parmi les actionnaires de sa société, il est des «personnalités chinoises qui souhaitent garder l’anonymat». L’Ambassade de France à Pékin semble douter de l’honnêteté de Garnier et le surveille de près. En mai 1937, la Sûreté Générale d’Indochine présente un rapport sur son affiliation «possible» à l’Intelligence service anglais ! Garnier nie et un autre service de l’administration indochinoise le disculpe : le soi-disant témoin clé de cette enquête est en France depuis des mois et n’est pas au courant de ses propres révélations !
Pendant ce temps, il commence l’exploitation de l’antimoine au profit d’une société londonienne et, soudainement, sa marchandise est bloquée à la frontière… par les autorités chinoises ! Il est alors accusé d’être «un communiste militant» contre le gouvernement nationaliste. Il lui faut des mois de diplomatie en Chine pour lever les soupçons et remettre son entreprise minière sur pied.
En janvier 1938, un nouveau bruit se répand : Garnier est «un espion au service du Japon». Il rentre à Hong Kong dépité où il apprend que, là aussi, aux yeux de la communauté française, il est un militant communiste. Le Consul diligente une enquête et deux hypothèses s’imposent : les rumeurs viennent de personnes mal intentionnées en Indochine ou bien il est réellement espion au service d’une entité étrangère, mais laquelle ? Ses affaires continuent tant bien que mal jusqu’à la guerre. Rayé des cadres de l’armée en juillet 1937, on retrouve tout de même Auguste Garnier en Indochine en 1939, dès les premiers jours de la mobilisation générale. Il est prêt à partir au combat…
En décembre 1936, Auguste Garnier arrive à Shanghai après un long voyage en Transsibérien. L’attaché commercial de ce poste s’étonne de cet étrange personnage. En effet, Garnier dit être associé dans un «Trust Belge-Français» mais entoure de mystère la nature exacte de ses activités et ne s’étend guère sur ses ambitions, ce qui agace le diplomate. En revanche, il affirme que le général chinois Wong-So, un proche de Chiang Kai-Shek formé par les Américains, s’est précipité à sa rencontre pour parler affaires… L’attaché commercial est suspicieux car, en outre, Garnier «se donne comme représentant accrédité -j’ignore auprès de qui- de l’Office national du commerce extérieur, organisme qui n’existe plus». Un rapport est rédigé pour le Consul de Hong Kong où l’entrepreneur a choisi de s’installer.
A l’Ambassadeur de France, Garnier écrit au même moment une longue lettre où il explique qu’il est venu sans mandat «pour étudier la question minière». Il raconte ensuite son entrevue avec le général, qui lui aurait confié ses projets pour l’aménagement du Sud et l’aurait choisi lui, tout fraîchement débarqué, pour jouer les intermédiaires avec la France. L’entrepreneur demande donc l’autorisation de se mettre en affaire avec lui ou, tout au moins, de ne pas rester à l’écart des investissements en préparation.
De son côté, le Consul de Hong Kong se renseigne à Paris sur cet individu: «a déjà résidé en Extrême-Orient, à Saigon et à Shanghai» mais aussi en Perse, «situation personnelle aisée», «il aurait derrière lui des appuis financiers sérieux». Garnier est Lieutenant de réserve et docteur en Droit. Par ailleurs, «lorsqu’il se trouve à Hong Kong, il mène une vie fort retirée» et a officiellement installé ses bureaux sur Des Vœux road. Les références sont bonnes et le Consul est donc bien disposé à son égard. Garnier voyage beaucoup entre la Chine du Sud, Hong Kong et l’Indochine et tisse rapidement un réseau dense de relations. Il explore de nombreuses régions et trouve un filon «d’antimoine oxyde», un composant métallique pour les alliages, «isolée au Nord de Kwangsi dans la région presque inaccessible des cent mille monts».
Parmi les actionnaires de sa société, il est des «personnalités chinoises qui souhaitent garder l’anonymat». L’Ambassade de France à Pékin semble douter de l’honnêteté de Garnier et le surveille de près. En mai 1937, la Sûreté Générale d’Indochine présente un rapport sur son affiliation «possible» à l’Intelligence service anglais ! Garnier nie et un autre service de l’administration indochinoise le disculpe : le soi-disant témoin clé de cette enquête est en France depuis des mois et n’est pas au courant de ses propres révélations !
Pendant ce temps, il commence l’exploitation de l’antimoine au profit d’une société londonienne et, soudainement, sa marchandise est bloquée à la frontière… par les autorités chinoises ! Il est alors accusé d’être «un communiste militant» contre le gouvernement nationaliste. Il lui faut des mois de diplomatie en Chine pour lever les soupçons et remettre son entreprise minière sur pied.
En janvier 1938, un nouveau bruit se répand : Garnier est «un espion au service du Japon». Il rentre à Hong Kong dépité où il apprend que, là aussi, aux yeux de la communauté française, il est un militant communiste. Le Consul diligente une enquête et deux hypothèses s’imposent : les rumeurs viennent de personnes mal intentionnées en Indochine ou bien il est réellement espion au service d’une entité étrangère, mais laquelle ? Ses affaires continuent tant bien que mal jusqu’à la guerre. Rayé des cadres de l’armée en juillet 1937, on retrouve tout de même Auguste Garnier en Indochine en 1939, dès les premiers jours de la mobilisation générale. Il est prêt à partir au combat…
FD.
Sources: Centre des Archives Diplomatiques de Nantes.
1 commentaire:
Ce blog est une très bonne initiative qui nou spermet de découvrir HK avec de petites histoires :)
Merci le consulat !
Matthieu
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