Pour répondre aux besoins d’une florissante communauté d’entrepreneurs au milieu des années 1980, une poignée d’entre eux se réunit pour créer la première chambre de commerce française à Hong Kong. Plus de 20 ans après, le succès n’est pas démenti et les souvenirs sont nombreux. Retour sur le parcours de la «French business association».
Au milieu des années 1980, la communauté française à Hong Kong est en pleine augmentation. Les entreprises s’intéressent à la colonie britannique, mais parfois avec timidité puisqu’on sait (à partir de 1984) que la Chine y reprendra ses droits en 1997. Danger ou opportunité? Pour répondre à ces questions et entraîner une dynamique française dans les affaires, six ou sept entrepreneurs décident de créer une chambre de commerce et d’industrie. «Le consulat de France poussait en ce sens depuis un moment, explique Gérard Millet, l’un des membres fondateurs. Il y avait un réel besoin de la part des entreprises.»
Le premier président est Alain d’Argenlieu. «Les moyens étaient très limités au début, se souvient Gérard Millet, aujourd’hui directeur de Sodica, société de conseil en fusions- acquisitions du Groupe Crédit Agricole. Nous avions très peu de fonds.» Et pas de bureaux permanents ! L’association est alors itinérante, hébergée par diverses entreprises françaises. «Les premiers membres du bureau venaient souvent du secteur bancaire, note l’homme d’affaire. S’occuper d’une telle association était lourd et nécessitait du secrétariat.»
Gérard Millet est le troisième président de 1989 à 1991 ; une époque où l’association prend beaucoup d’ampleur, preuve de son succès. «Une réorganisation s’imposait, affirme-t-il. En 1990, nous nous sommes installés dans nos premiers bureaux, et le premier poste de directeur salarié a été créé». Vient ensuite la présidence de Paul Clerc-Renaud, directeur du groupe Fargo, de 1991 à 1993. C’est une période charnière: «C’était juste après Tien An Men qui avait beaucoup secoué Hong Kong, se souvient l’intéressé. Il fallait rassurer les employés français pour les inciter à venir ici.» C’est à cette époque que sont négociés les visas permanents pour les employés clés des grandes entreprises françaises. «C’était aussi le moment des frégates de Taiwan et les relations étaient officiellement difficiles avec la Chine, souligne l’ancien président. Mais Deng Xiao Ping menait une politique d’ouverture dans le Sud.»
En 1992, les craintes sont toujours aussi récurrentes au sujet du retour prochain de la domination chinoise. C’est l’objet du premier article du premier numéro de la revue «Hong Kong echo», le magazine de la chambre de commerce: «Hong Kong : qui a peur de 1997 ?» est signé de Yves Chemla. L’entrepreneur se veut optimiste voire enthousiaste sur les opportunités à venir. C’est le mot d’ordre général de la chambre de commerce au cours de ces années. Toujours en 1992, avec cette même volonté de séduire les hommes d’affaires français, Paul Clerc-Renaud initie l’opération «Le monde chinois». 300 chefs d’entreprises répondent à l’appel et partent en visite de la zone économique spéciale de Shenzhen. «C’était une véritable aventure dans le delta de la rivière des perles, révèle Paul Clerc-Renaud. C’était un immense chantier où tout était en construction. Henry Fok avait fait ouvrir l’autoroute en construction seulement pour nous!»
En juillet 1992, un nouveau gouverneur, Christopher Patten (désormais Lord Patten), est nommé à Hong Kong. «En octobre, il a fait un discours très mal perçu par Pékin où il exposait ses conditions pour la rétrocession prochaine, reprend l’ancien président Clerc-Renaud. Nous l’avons rencontré le jour où il se rendait à Pékin… Il boitait à cause d’une blessure faite au tennis le matin même!». Les relations ont toujours été étroites avec les autorités, l’association se présentant également comme une interface de communication et de médiation. La chambre de commerce avait également reçu le prédécesseur de Chris Patten, le gouverneur David Wilson. «C’était un excellent sinologue, affirme Paul Clerc Renaud. Un homme très fin qui anticipait les réactions des Chinois, mais très mal jugé par John Major».
La French business association, c’est aussi un réseau, le théâtre de nombreuses rencontres avec des personnalités : Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre, Dominique Strauss-Kahn, Michel Rocard, pour la politique, mais aussi Matthieu Ricard, Jacques Séguéla, Loïck Peyron, Pierre Haski et bien d’autres encore pour ne citer que des Français. Le livre d’or regorge de signatures d’invités de marque! La chambre de commerce s’est aussi lancée dans l’organisation du prestigieux gala de clôture du French May.
Avec ses 600 membres et ses treize employés permanents, la chambre de commerce française est aujourd’hui plus que jamais dynamique. C’est la deuxième chambre européenne, juste derrière les Britanniques. «C’est toujours un club de rencontres pour les entrepreneurs, mais totalement adapté à Hong Kong, explique Maryse Kraatz, l’actuelle directrice générale. Nous dépassons la dimension de solidarité entre Français pour aller plus loin. Ici les chambres de commerce sont puissantes et nous devons nous ouvrir aux étrangers et, bien évidemment, aux Hongkongais!». Presque toutes les grosses entreprises françaises sont membres, l’expansion passe donc désormais par les hommes d’affaire de Hong Kong ou par les PME françaises qui souhaiteraient s’internationaliser… «C’est une ville importante pour commencer à entreprendre à l’étranger, commente la directrice générale. C’est la base régionale de la majorité de nos entreprises».
La chambre de commerce ne touche aucune subvention de l’Etat français, c’est une entreprise privée qui vit des cotisations de ses membres. «Nous répondons aux besoins des membres à travers l’organisation d’événements, de conférences, explique Maryse Kraatz. Nous avons également treize comités pour traiter les problèmes en cours ou les attentes de nos membres. L’activité de lobbying est très importante, voire essentielle.» En 2006, dans son éditorial pour le numéro anniversaire de la revue «Hong Kong echo», Jacques Chirac félicitait «la Chambre de Commerce et d’Industrie Française de Hong Kong pour son travail inlassable en faveur de l’approfondissement des liens entre la France et Hong Kong». Et le président français de conclure: «je forme le vœu qu’elle poursuive cette entreprise pour le plus grand bénéfice de tous».
Le premier président est Alain d’Argenlieu. «Les moyens étaient très limités au début, se souvient Gérard Millet, aujourd’hui directeur de Sodica, société de conseil en fusions- acquisitions du Groupe Crédit Agricole. Nous avions très peu de fonds.» Et pas de bureaux permanents ! L’association est alors itinérante, hébergée par diverses entreprises françaises. «Les premiers membres du bureau venaient souvent du secteur bancaire, note l’homme d’affaire. S’occuper d’une telle association était lourd et nécessitait du secrétariat.»
Gérard Millet est le troisième président de 1989 à 1991 ; une époque où l’association prend beaucoup d’ampleur, preuve de son succès. «Une réorganisation s’imposait, affirme-t-il. En 1990, nous nous sommes installés dans nos premiers bureaux, et le premier poste de directeur salarié a été créé». Vient ensuite la présidence de Paul Clerc-Renaud, directeur du groupe Fargo, de 1991 à 1993. C’est une période charnière: «C’était juste après Tien An Men qui avait beaucoup secoué Hong Kong, se souvient l’intéressé. Il fallait rassurer les employés français pour les inciter à venir ici.» C’est à cette époque que sont négociés les visas permanents pour les employés clés des grandes entreprises françaises. «C’était aussi le moment des frégates de Taiwan et les relations étaient officiellement difficiles avec la Chine, souligne l’ancien président. Mais Deng Xiao Ping menait une politique d’ouverture dans le Sud.»
En 1992, les craintes sont toujours aussi récurrentes au sujet du retour prochain de la domination chinoise. C’est l’objet du premier article du premier numéro de la revue «Hong Kong echo», le magazine de la chambre de commerce: «Hong Kong : qui a peur de 1997 ?» est signé de Yves Chemla. L’entrepreneur se veut optimiste voire enthousiaste sur les opportunités à venir. C’est le mot d’ordre général de la chambre de commerce au cours de ces années. Toujours en 1992, avec cette même volonté de séduire les hommes d’affaires français, Paul Clerc-Renaud initie l’opération «Le monde chinois». 300 chefs d’entreprises répondent à l’appel et partent en visite de la zone économique spéciale de Shenzhen. «C’était une véritable aventure dans le delta de la rivière des perles, révèle Paul Clerc-Renaud. C’était un immense chantier où tout était en construction. Henry Fok avait fait ouvrir l’autoroute en construction seulement pour nous!»
En juillet 1992, un nouveau gouverneur, Christopher Patten (désormais Lord Patten), est nommé à Hong Kong. «En octobre, il a fait un discours très mal perçu par Pékin où il exposait ses conditions pour la rétrocession prochaine, reprend l’ancien président Clerc-Renaud. Nous l’avons rencontré le jour où il se rendait à Pékin… Il boitait à cause d’une blessure faite au tennis le matin même!». Les relations ont toujours été étroites avec les autorités, l’association se présentant également comme une interface de communication et de médiation. La chambre de commerce avait également reçu le prédécesseur de Chris Patten, le gouverneur David Wilson. «C’était un excellent sinologue, affirme Paul Clerc Renaud. Un homme très fin qui anticipait les réactions des Chinois, mais très mal jugé par John Major».
La French business association, c’est aussi un réseau, le théâtre de nombreuses rencontres avec des personnalités : Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre, Dominique Strauss-Kahn, Michel Rocard, pour la politique, mais aussi Matthieu Ricard, Jacques Séguéla, Loïck Peyron, Pierre Haski et bien d’autres encore pour ne citer que des Français. Le livre d’or regorge de signatures d’invités de marque! La chambre de commerce s’est aussi lancée dans l’organisation du prestigieux gala de clôture du French May.
Avec ses 600 membres et ses treize employés permanents, la chambre de commerce française est aujourd’hui plus que jamais dynamique. C’est la deuxième chambre européenne, juste derrière les Britanniques. «C’est toujours un club de rencontres pour les entrepreneurs, mais totalement adapté à Hong Kong, explique Maryse Kraatz, l’actuelle directrice générale. Nous dépassons la dimension de solidarité entre Français pour aller plus loin. Ici les chambres de commerce sont puissantes et nous devons nous ouvrir aux étrangers et, bien évidemment, aux Hongkongais!». Presque toutes les grosses entreprises françaises sont membres, l’expansion passe donc désormais par les hommes d’affaire de Hong Kong ou par les PME françaises qui souhaiteraient s’internationaliser… «C’est une ville importante pour commencer à entreprendre à l’étranger, commente la directrice générale. C’est la base régionale de la majorité de nos entreprises».
La chambre de commerce ne touche aucune subvention de l’Etat français, c’est une entreprise privée qui vit des cotisations de ses membres. «Nous répondons aux besoins des membres à travers l’organisation d’événements, de conférences, explique Maryse Kraatz. Nous avons également treize comités pour traiter les problèmes en cours ou les attentes de nos membres. L’activité de lobbying est très importante, voire essentielle.» En 2006, dans son éditorial pour le numéro anniversaire de la revue «Hong Kong echo», Jacques Chirac félicitait «la Chambre de Commerce et d’Industrie Française de Hong Kong pour son travail inlassable en faveur de l’approfondissement des liens entre la France et Hong Kong». Et le président français de conclure: «je forme le vœu qu’elle poursuive cette entreprise pour le plus grand bénéfice de tous».
FD.
Sources : Hong Kong echo ; French business directory ; remerciements à Mme Maryse Kraatz, M. Paul Clerc-Renaud et M. Gérard Millet, pour le temps qu’ils nous ont consacré et leurs précieux renseignements. Crédits photographiques : archives privées.
Les deux photographies: Paul Clerc-Renaud en compagnie du gouverneur Wilson (au centre) puis avec le gouverneur Patten. Troisième document: couverture du premier numéro de la revue Hong Kong Echo, à l'automne 1992.
Les deux photographies: Paul Clerc-Renaud en compagnie du gouverneur Wilson (au centre) puis avec le gouverneur Patten. Troisième document: couverture du premier numéro de la revue Hong Kong Echo, à l'automne 1992.
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