lundi 18 août 2008

1935, le consulat fête le jubilé du roi George

Le jubilé d’argent du monarque britannique George V est célébré le 6 mai 1935. L’événement est commémoré en grande pompe à Hong Kong et le Consul de France n’est pas en reste. Aux premières loges des festivités, René Soulange-Teissier raconte.
Arrivé sur le trône d’Angleterre le 5 mai 1910, George V fête son jubilé d’argent 25 ans plus tard. La colonie britannique de Hong Kong est alors plus fleurissante que jamais et se doit de faire honneur au monarque. Le Gouverneur William Peel voit les choses en grand car après cinq années à ce poste et une longue carrière d’administrateur colonial, il se prépare à partir à la retraite à la fin du mois de mai. Ces fêtes revêtent donc un caractère particulier à Hong Kong et sont un peu les siennes…
Le Consul de France, René Soulange-Teissier, rapporte le déroulement des cérémonies par le menu. «Le 6 mai, j’ai assisté en uniforme au service officiel protestant à la cathédrale St. John. Le Vice-Consul, M. Renner, assistait de son côté, à la même heure, à la cérémonie religieuse semi-officielle à la cathédrale catholique. Dans l’après-midi, je me suis rendu à la garden party donnée par le Gouverneur à sa résidence. Le soir, à 9h30, j’avais été invité et j’ai assisté à une réunion tout à fait intime chez le Gouverneur qui comprenait à peine quarante personnes afin de voir du haut du toit en terrasse de Government House les illuminations et les feux d’artifice qui embrasaient toute la colonie et les navires de guerre ancrés dans le port». Le Consul a une longue carrière asiatique derrière lui. Il était déjà élève-interprète à Hong Kong en 1906, avant de partir aux quatre coins de l’Asie aux postes les plus variés… Ses relations avec l’administration coloniale britannique sont excellentes et il témoigne régulièrement de son amitié pour le Gouverneur.
«Le 7 mai, le Général commandant les troupes de Hong Kong et de toute la Chine m’avait invité à assister dans sa loge à la revue des troupes de la garnison passée par le Gouverneur représentant en l’occurrence l’émanation de la personne royale. Le 8 mai, j’ai également assisté à un Jamborally des Scouts de Hong Kong auquel présidait le Gouverneur. Il était donné en faveur d’une institution charitable de Hong Kong et j’y ai participé de ma contribution». René Soulange-Teissier évoque également des processions avec lanternes et de la figuration chinoise, sorte de théâtre de rue qui déambule dans toute la ville pendant trois nuits entières. Les spectacles attirent «beaucoup d’étrangers des ports voisins et plus de 150000 Chinois de Canton».
L’un des symboles marquants des cérémonies est l’illumination de la plupart des bâtiments du centre-ville. L’événement était prévu de longue date et Soulange-Teissier précise qu’il était «moralement impossible à ce Consulat d’être le seul à n’y point participer». La Banque d’Indochine éclaire les deux édifices qu’elle possède et le Consul procède à l’illumination électrique des bureaux consulaires ainsi que de la Résidence de France et de la maison du Vice-Consul sur le Peak. «Cette décoration était d’un très grand effet et était sans conteste parmi les trois meilleures de Hong Kong. Le Gouverneur, le soir du 6 mai, m’en a chaleureusement exprimé sa satisfaction. La colonie française a été unanime dans ses éloges pour cette manifestation».
A la toute fin de son compte-rendu à l’attention du Ministère des Affaires Etrangères de Paris, le Consul présente la douloureuse facture… et se plaint «des compressions incessantes que le Département est contraint par les circonstances de faire subir au personnel de tout ordre et qui atteignent Hong Kong considérablement plus que tout autre poste de l’Extrême-Orient (143%)». C’est pour le représentant de l’Etat français une nouvelle occasion de faire remarquer la cherté de la vie dans la colonie britannique, élément récurrent des correspondances consulaires et véritable problème pour les agents chargés de représenter la France avec un minimum de faste.
Faste il y a tout de même, en ce début de mai 1935 à Hong Kong. Le résultat, selon le Consul de France est «d’un éclat qui n’avait été surpassé antérieurement que par les fêtes données à l’occasion de l’Armistice».

FD.

Sources et crédits photographiques : Archives du Ministère des Affaires Etrangères. Première photo, Alexandra Building, immeuble des bureaux consulaires, au dernier étage. Deuxième photo, vue de Pedder street illuminée.

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