jeudi 28 août 2008

Une tentative de ligne postale par hydravion entre Hanoi et Hong Kong

En mai 1929, un hydravion français, après avoir décollé de Hanoi, amerrit à Hong Kong. Son pilote a pour projet de développer une liaison postale régulière entre l’Indochine et Hong Kong par hydravion. Si le vol d’essai réussit, non sans difficultés, la tentative restera sans lendemain.
Le 17 mai 1929, un hydravion décolle de Hanoi à destination de Hong Kong. Son pilote, Robbe, souhaite établir une ligne postale régulière entre l’Indochine et Hong Kong. C’est en effet l’âge d’or de l’Aéropostale, la ligne aérienne qui de 1927 à 1933 dessert, à partir de Toulouse, Dakar et l’Amérique du Sud. Mermoz, Guillaumet et Saint-Exupéry en sont les héros et leur légende fait des émules.
L’appareil, un hydravion «FBA Type17 H» n’est pas des plus modernes. Il est sorti quelques années plus tôt des ateliers de Louis Schreck, constructeur d’hydravions du début du XXe siècle. C’est un appareil triplace d’une envergure de 13m, long de 9m et motorisé par un moteur Hispano-Suiza de 180ch. Sa vitesse maximale est de 142km/h et son autonomie de 350 km.
L’appareil décolle de Hanoi le 17 mai 1929 à 5 heures du matin. Peu après le départ, à la hauteur de Moncay, il rencontre une violente tempête qui force l’équipage à chercher un endroit propice pour amerrir. Mais, en cours d’amerrissage, l’hydravion heurte un rocher affleurant à la surface de l’eau et le choc provoque une importante voie d’eau dans la coque. Alternative : amerrir et couler ou re-décoller dans la tempête. Robbe choisit la deuxième option, réussit à reprendre de l’altitude et atterrit à Haiphong à 10 heures (l’hydravion est doté d’un train d’atterrissage fixe). Des réparations sont effectuées dans la journée afin de colmater la brèche dans la coque. L’hydravion peut alors décoller le 18 mai à 10 heures et il atteint Hong Kong le même jour à 17 heures, après des escales à Moncay, Fort-Bayard (aujourd’hui Zhanjang, dans la province du Guangdong) et Macao. Le lendemain 19 mai, l’hydravion décolle de nouveau pour prendre le chemin du retour et il arrive sans encombre à Hanoi le 20 mai, après une escale à Fort-Bayard.
L’arrivée de l’hydravion à Hong Kong intéresse grandement les autorités de la colonie britannique, en particulier celles du port de Hong Kong et celles de l’aérodrome de Kai Tak. En effet, l’appareil n’est pas un hydravion spécialisé dans le raid aérien comme il s’en construisait à l’époque, mais au contraire un modèle de série, muni d’un moteur de puissance moyenne. La réussite de ce vol ouvre donc des perspectives intéressantes pour le développement du trafic aérien dans le Sud de la Chine et pour les liaisons avec l’Indochine. Il s’agit en outre d’un appareil français et ce succès, outre le prestige qu’il apporte aux ailes françaises, peut avoir des impacts commerciaux. Le consul de France à Hong Kong par interim, Marc Duval, dans sa dépêche du 22 mai 1929, note ainsi qu’«il eût été regrettable que Mr Robbe, dont l’arrivée avait été annoncée pour la veille, ne pût atteindre le but qu’il s’était proposé. Ceci n’aurait pas manqué de jeter un certain discrédit sur la valeur de nos pilotes et sur la qualité du matériel français d’aviation». Le pilote Robbe souhaitait également se rendre à Canton mais le consul lui a déconseillé ce voyage «par suite de l’état de guerre existant actuellement».
La réussite de cette première liaison par hydravion entre Hanoi et l’Indochine restera cependant sans suite et, neuf ans plus tard, le défi d’une liaison régulière avec Hong Kong sera relevé par un avion Dewoitine 338, à l’occasion du premier vol Air France, le 4 août 1938.

CR.

Sources : Archives du ministère des Affaires étrangères, Nantes.

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