En août 1849, afin de prendre en compte le développement rapide du port de Hong Kong et son rôle croissant comme carrefour d’échanges en Asie, le ministère des Affaires étrangères décide d’y nommer un «agent consulaire». Georges-Louis Haskell, citoyen américain et agent maritime, devient ainsi le premier représentant officiel de la France à Hong Kong.
Dans une dépêche envoyée au ministre des Affaires étrangères le 15 juillet 1848, le baron Alexandre Forth-Rouen, «Envoyé et Chargé d’affaires en Chine» en poste à Canton, argumente en faveur de la nomination d’un agent consulaire à Hong Kong. Il s’agit en effet pour la France de la IIe République de prendre en compte le rôle croissant de Hong Kong comme carrefour d’échanges en Asie : «il y aurait grand avantage à ce que notre agent consulaire pût être placé à ce point central de l’arrivée et de l’expédition de la correspondance entre la station navale et le ministère de la Marine et entre le Département des Affaires étrangères, la légation de Canton et l’agence de Shanghai».A cette époque, la fonction d’agent consulaire correspondait à celle connue aujourd’hui sous l’appellation de consul honoraire. A la différence d’un consul, l’agent consulaire n’était pas un diplomate de carrière du pays qu’il représentait. Il pouvait être de nationalité étrangère et exercer une profession, éventuellement celle de diplomate d’un autre pays. Du fait de ses qualités et de son «honorabilité», la personne désignée comme agent consulaire se voyait confier par le ministère des Affaires étrangères la mission de défendre les intérêts de la France. Le choix du premier agent consulaire de la France à Hong Kong, justifié par Forth-Rouen dans une dépêche du 21 juin 1849, se porte ainsi sur Georges-Louis Haskell: «sujet américain et associé d’une des premières maisons américaines de Hong Kong, il a longtemps habité en France et parle parfaitement bien le Français. Nous avons deux petits commerçants français établis dans la colonie anglaise mais aucun d’entre eux n’était en mesure d’être revêtu d’un caractère officiel». Intéressante précision qui montre que, sept ans après la fondation de Hong Kong, deux marchands français sont déjà installés sur place mais, aux yeux du diplomate français en poste à Canton, il leur manque les qualités recherchées chez un agent consulaire. Citoyen américain, Georges-Louis Haskell, lui, est employé par deux maisons de commerce américaines établies à Hong Kong. La première est la compagnie de courtage maritime Williams Anthon & Cie, «comptée à Hong Kong parmi les plus respectables et ses membres y sont individuellement fort considérés. Ses opérations consistent à recevoir des navires à consignation, en commission ou en courtages». La deuxième maison de commerce pour laquelle travaille Georges-Louis Haskell est la maison Bush & Cie. L’exequatur de Georges-Louis Haskell est demandée à Londres. De son côté, le Gouverneur de la colonie, par lettre du 9 août 1849, informe sa capitale de la procédure de nomination d’un «vice-consul» par la France, traduction de la fonction d’agent consulaire. Et, le 26 août 1849, le ministère des Affaires étrangères, suivant ainsi les arguments du baron Alexandre Forth-Rouen, nomme Georges-Louis Haskell premier agent consulaire de la France à Hong Kong. Il exerce cette fonction pendant sept ans puis quitte Hong Kong en octobre 1856 pour s’établir à Singapour. Quelques mois plus tard Duns, consul de Suède et de Norvège, lui succède mais il démissionne en 1857 car il estime que, ne parlant pas Français, il ne peut pas accomplir sa fonction de manière satisfaisante. Albert Vaucher, citoyen helvétique, de la maison Vaucher Frères de Canton, accepte alors de reprendre la charge d’agent consulaire, pour l’exercer jusqu’en mars 1862. La fonction est ensuite assumée par José d’Aguilar, consul d’Espagne, qui la conserve jusqu’au 1er décembre 1862, date à laquelle il remet les archives de l’agence consulaire à Ernest-Napoléon Godeaux, premier diplomate de carrière nommé consul de France à Hong Kong.
CR.
Sources : Archives du ministère des Affaires étrangères, Paris.
Crédits photographiques: Archives du Gouvernement de Hong Kong.
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