Les Charlots à Hong Kong ! Aussi incongru que cela puisse paraître, les quatre humoristes français, véritables stars dans l’hexagone des années 1970, ont tourné un film dans la colonie britannique. Nanar ou navet selon les goûts, le résultat est un ovni cinématographique où Hong Kong est à la fête !

Le film est produit par Christian Fechner, un habitué des collaborations avec les Charlots et des comédies franchouillardes. On lui doit notamment, pour ce qui est de ses productions humoristiques, «La soupe aux choux» et «les Bidasses s’en vont en guerre», «La course à l’échalote» et «Marche à l’ombre», mais aussi «L’aile ou la cuisse» ou «Papy fait de la résistance» : autant dire des monuments cinématographiques de la culture populaire française des années 70-80! Il signe le scénario avec Yvan Chiffre, jusqu’alors acteur de second rôle et cascadeur, qui se voit également confié sa première réalisation. Le metteur en scène et le producteur ne lésinent pas sur les moyens : carambolages de voitures (avec les cascades de l’incontournable Rémy Julienne), explosions, effondrement de maison, prise de vue à Londres, Paris, Madrid et Hong Kong, tout y passe pour donner de l’envergure à ce pastiche.
«Bon baisers de Hong Kong» s’offre même Mickey Rooney, véritable star de l’humour potache outre-atlantique (et aujourd’hui l’un des rares survivants du cinéma muet, fort de ses 322 films…). L’acteur y joue le rôle du forcené amoureux qui enlève la reine. Le reste de la distribution comporte également quelques surprises : Léon Zitrone en agent pas très secret, André Pousse, Jacques Marin, Philippe Castelli côté français. Jeanne Manson ou encore le très «british» David Tomlinson («Mary Poppins», «The fiendish plot of Dr Fu Manchu»…) sont également de la partie, sans oublier l’incroyable Victor Israel. Enfin, Bernard Lee et Lois Maxwell reprennent leurs rôles de M (le patron de James Bond) et de Miss Monneypenny, le temps de s’en moquer…

Le tournage se poursuit tant bien que mal à Hong Kong, et la délirante histoire continue. Les Charlots trouvent en une femme de ménage française, un sosie de la reine idéal pour la remplacer lors de sa visite officielle à Hong Kong. Ils l’accompagnent et c’est l’occasion de balader la caméra dans les rues de Kowloon ou encore vers Aberdeen, à une époque où il n’a pas un seul immeuble moderne et où les sampans règnent encore en maître. «Pour les images de la visite officielle, il y a une anecdote savoureuse!, se réjouit encore Paul Clerc-Renaud. La société Pathé-Overseas s’était faite passer pour la société Pathé-News et avait filmé la véritable visite de la vraie reine, très peu de temps auparavant… Ils ont réutilisé les images pour les intégrer au film!». Huguette Funfrock, le sosie lyonnais de la reine, s’occupe du reste…
Pour les scènes à Hong Kong, la société Salon Film officiait comme équipementier, sous le patronage du francophile Charles Wang. Son frère, Fred, ajoute: «la rumeur veut que le film aurait été montré à la reine Elizabeth. En tout cas, l’administration de Buckingham avait demandé à en avoir une copie, mais il n’y a jamais eu de retour!» Un film de toutes les surprises, jusqu’à la fin… la toute fin même, lorsqu’on apprend dans le générique que Bézu (celui de «la queue leu leu»…) était l’attaché de presse!
FD.
Sources : www.imdb.com; http://www.nanarland.com; www.lescharlots.com; remerciements à M. Paul Clerc-Renaud et M. Fred Wang, pour le temps qu’ils nous ont consacré et leurs précieux renseignements.
Crédits photographiques: www.nanarland.com (affiches française et allemande du film); collection particulière (l'avion miniature qui sert lors de la scène finale du film est toujours en bonne place dans les bureaux de la société hongkongaise Salon Film).
Crédits photographiques: www.nanarland.com (affiches française et allemande du film); collection particulière (l'avion miniature qui sert lors de la scène finale du film est toujours en bonne place dans les bureaux de la société hongkongaise Salon Film).